Billets du monde

  Les billets de l'Empire Allemand (1871-1919)

Les billets de banque datant de la fondation du IIe Reich, l'Empire réalisé par Bismarck, en 1871, témoignent d'une certaine recherche artistique. Ils symbolisent la puissance politique et la force économique. Certains motifs furent repris jusqu'en 1914.

La défaite de Napoléon III lors de la bataille de Sedan, le 1er septembre 1870, entraîna la chute de l'Empire français et l'acte de naissance du nouveau Reich. Le 18 janvier 1871, dans la Galerie des glaces, à Versailles, le roi de Prusse, Guillaume Ier, fut sacré empereur d'Allemagne et, dès lors, régna sur un territoire de 541000 km2 de près de 41 millions d'habitants.

En 1871, le gouvernement impérial fut placé devant la lourde tâche d'unifier vingt-deux principautés et trois villes libres ayant différents systèmes monétaires. Le Reich allemand devait intégrer 3,3 millions d'êtres humains dont l'allemand n'était pas la langue maternelle — en majorité des Polonais, mais aussi des petites communautés ethniques originaires de France, du Danemark et de Hongrie. La victoire sur la France et la proclamation de l'Empire entraînèrent des transformations significatives dans le système monétaire allemand.

 

LA NOUVELLE MONNAIE DU IIe REICH

La loi impériale du 4 décembre 1871 introduisit le mark-or comme référence monétaire unique dans le Reich. Un mark était divisé en 100 pfennige. Progressivement, la nouvelle monnaie remplaça les divers systèmes monétaires basés sur la monnaie d'argent, en vigueur dans chaque État allemand. Ce processus, qui prit plusieurs années, fut un pas important vers l'unification du monnayage allemand.

 

LE PAPIER-MONNAIE DES ÉTATS ALLEMANDS

Avant la fondation du Reich, la banque d'émission de chaque État imprimait ses propres billets. Après 1871, les États fédérés allemands fabriquaient encore leur propre papier-monnaie et, en 1872, plus de cent espèces différentes de billets circulaient en Allemagne, pour une valeur totale de 150 millions de marks.
La loi bancaire du 14 mars 1875 institua la Banque du Reich, qui chapeauta les nombreuses banques d'émission régionales, comme une sorte de Banque centrale.
Dès lors, l'émission de billets devint la prérogative du Reich. Treize États abandonnèrent la production de billets, ce qui diminua notablement la quantité de papier-monnaie en circulation.

 

LA FONCTION DE LA BANQUE DU REICH

En 1876, la Banque du Reich, dont le siège était à Berlin, remplaça officiellement la banque prussienne. Deux ans plus tard, elle émettait déjà pour 80 millions de marks de billets, tandis que les banques des États n'en produisaient que 21 millions.
Ces dernières, qui continuaient d'imprimer leur propre papier-monnaie, tout comme les banques privées, connurent un déclin croissant. De sa création jusqu'en 1900, la Banque du Reich émit des billets pour une valeur totale de 11,4 milliards de marks.
Ce chiffre reflète l'essor soudain de l'économie allemande ainsi que la prospérité croissante du pays entre les années 1890 et 1914.

 

LES PREMIERS BILLETS DE LA BANQUE DU REICH

À l'origine, la Banque du Reich n'eut le droit d'émettre que des coupures d'une valeur inférieure à 100 marks. Il fallut attendre janvier 1876 pour voir apparaître les premiers billets de 100 et de 1000 marks. Ces deux billets furent fabriqués à l'imprimerie impériale de Berlin.
Celui de 100 marks est orné d'une représentation de la déesse Minerve.
Le revers du billet de 1000 marks représente Germania, allégorie féminine entourée d'anges qui incarne l'Allemagne. Le droit est plus dépouillé : au centre, la valeur nominale du billet, et, à gauche, l'aigle impérial.
Aujourd'hui, ces billets historiques sont rares et, lorsqu'ils sont en parfait état, ils peuvent dépasser les 10.000 € dans les ventes aux enchères.

 

MOTIFS SYMBOLIQUES DES BILLETS DE BANQUE

Le 3 septembre 1883 fut émis un nouveau billet de 100 marks, illustré, comme celui de 1000 marks, de Germania.
En janvier 1884, un nouveau billet de 1000 marks suivit, avec, au revers, deux personnages féminins symbolisant la navigation et l'agriculture. Ce billet fut créé à une époque où l'Empire allemand renforçait sa flotte et aspirait à implanter des colonies outre-mer (comme en témoigne le slogan « Une place au soleil» ). Il fut réimprimé en 1891, en 1895 et en 1896 sans jamais subir la moindre modification. L'année 1898 vit apparaître un nouveau billet de 100 marks, qui n'avait de nouveau que les motifs un peu moins académiques du droit : la bordure était plus étroite et les initiales tracées avec art ressemblaient désormais davantage à une écriture manuscrite du Moyen Âge.
Dans les premières années de l'Empire, circulaient côte à côte des monnaies d'or et d'argent courantes et quelques billets de banque de faibles valeurs nominales. Ces billets de caisse du Reich remplaçaient ceux libellés en gulden et en thaler, encore en usage dans nombre d'États allemands.

 

PREMIÈRE UNIFICATION : LES BILLETS DE CAISSE DU REICH

Introduits en juillet 1874, les billets de caisse du Reich furent les précurseurs des billets de plus fortes valeurs faciales que la Banque du Reich allait émettre un peu plus tard. Il s'agissait de trois billets de petite taille, ornés de bordures élégantes, de vignettes décoratives et de figures symboliques.
Le billet de 5 marks montre deux chérubins et une branche de laurier au-dessous de l'aigle impérial. Sur la coupure de 20 marks est représenté Hermès, tandis que sur celle de 50 marks deux femmes symbolisent l'économie et l'industrie allemandes. Bien que Guillaume Ier ait donné son agrément, les illustrations de ces billets choquèrent en raison de la nudité des angelots.

 

NOUVEAU GRAPHISME DES BILLETS

Les billets de caisse du Reich imprimés en 1882 dénotaient la puissance de l'Allemagne en plein essor.
Le motif guerrier du nouveau billet de 5 marks ne passa pas inaperçu : il représente un chevalier avec sa lance et son bouclier. Mais la symbolique de ces billets visait moins à attiser l'humeur belliqueuse du peuple allemand qu'à renforcer son patriotisme. Un nouveau billet de 5 marks émis en 1905 montrait une Germania certes guerrière, mais accompagnée d'un enfant tenant la colombe de la paix.

 

BILLETS DE LA BANQUE DU REICH DE 1906 À 1914

Un peu avant le dernier billet de caisse du Reich, d'une valeur nominale de 10 marks, furent imprimées en 1906 les premières coupures de 50 et de 20 marks de la Banque du Reich. Le billet de 20 marks se distinguait par un graphisme inhabituel pour l'époque : à la place des traditionnelles figurations, les coins supérieurs étaient agrémentés d'ornements abstraits formant l'arrière-plan d'un «Z» (zwanzig signifie « vingt ») et de l'aigle impérial. Germania, qui incarnait l'Empire sur le billet de 50 marks, avait à présent une allure pacifique, avec sa couronne et ses longs cheveux flottants.

Le 7 février 1908 fut émis un billet de 100 marks nouvelle manière. S'il présentait de nombreux points communs avec son prédécesseur, il se singularisait par la présence de deux aigles en haut et en bas à droite. Presque à la même époque fut mis en circulation un nouveau billet de 100 marks, sur lequel se trouvaient, à gauche, Mercure (ou Hermès), le dieu du Commerce, et, à droite, Cérès (ou Déméter), la déesse des Moissons. Le revers s'ornait d'une Germania assise armée de l'épée et du bouclier-, un portrait de Guillaume Ier était en filigrane.

 

NUMÉROS DE SÉRIE DES BILLETS DU REICH

À l'origine, un numéro de série rouge était apposé sur les billets. Vers la fin de la Première Guerre mondiale apparurent des billets portant un numéro de série vert. À la suite d'une forte inflation, on imprima beaucoup plus de billets de la série verte. Le billet de 1000 marks fut réimprimé en 1908, sans aucun changement. Les émissions de 1909, de 1910 et de 1916, en revanche, comportent des numéros de série (formés de six ou sept chiffres) et des sceaux rouges ou verts. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, en 1914, bouleversa la politique monétaire. Afin de couvrir les dépenses militaires, la Banque du Reich se lança dans la surémission, sans se soucier de respecter l'équilibre entre la quantité de monnaie en circulation et les réserves d'or en caisse. Ainsi la guerre contribua-t-elle à aggraver l'inflation allemande jusqu'à la fin de l'Empire en 1919.

(c) Éditions Atlas




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